Les allemands et l'automobile
Par Annick Sys (le 30/01/2025)
Germaniste habituée des conférences des Amitiés Internationales, Annick Sys s’est attachée à présenter les relations fortes entre les Allemands et leur automobile. Cette passion n’est pas nouvelle. Les grands groupes font depuis des décennies la réputation de l’industrie automobile allemande : Mercedes, BMW, Audi, Porsche, Volkwagen…Ces noms sont connus dans le monde entier. Annick en a bien reconstitué l’histoire qui accompagne le développement et la puissance de l’industrie allemande. Souvent dérivés de l’industrie métallurgique ou mécanique, les groupes ont adopté avec succès la fabrication des véhicules au XXème siècle. Différents territoires et grandes métropoles de l’Allemagne ont profité de l’expansion de cette industrie : Munich et la Bavière (BMW), Stuttgart et le Bade-Wurtemberg (Mercedes-Benz, Porsche) mais aussi à plus au nord, Wolfsburg, l’immense centre Volkswagen pour ne citer quelques centres importants. L’Allemagne de l’Est n’est pas en reste. La très modeste Trabant a profondément marqué les esprits en RDA avant la réunification.


L’automobile est fortement inscrite dans les mentalités et le mode de vie des allemands. Quelques chiffres viennent l’attester : 60 millions de véhicules dans un pays de 83 millions d’habitants dont 49 millions de PKW ( voitures individuelles de tourisme), un chiffre en augmentation substantielle au cours des dernières années. Par ailleurs, le nombre de permis de conduire délivrés ne faiblit pas (plusieurs millions en plus chaque année) en particulier chez les jeunes. Le vocabulaire allemand a bien intégré certaines expressions qui illustrent leur affection pour leur auto. Ainsi « la Putzimania » ou la passion de l’astiquer régulièrement ou la « Cabriomania » qui témoigne de leur goût pour les décapotables.


Mais cette industrie automobile allemande n’est-elle pas une étoile palissante ? Annick Sys nous a délivré quelques éléments de réflexion sur le sujet. Outres le scandale qui a profondément secoué Volkwagen (le Dieselgate), ce symbole de liberté dont sont si fiers les Allemands est en effet confronté à une remise en cause quasi existentielle. D’une part les puissantes berlines allemandes ne sont les plus vertueuses en matière de pollution. D’autre part lié à ce problème environnemental, les grands groupes allemands font face depuis plusieurs années aux conséquences du virage vers le moteur électrique. Face à une concurrence exacerbée, notamment d’origine chinoise, on peut se demander si la prospérité de l’automobile allemande n’appartient pas au passé. Il faut s’attendre en effet à un repli industriel particulièrement violent. Les Allemands eux-mêmes, habitués aux longs trajets et à la vitesse, accepteront-ils cette transition ? Terminant par une note d’humour, Annick Sys fait remarquer, qu’étant donné les nombreux déboires des usagers de la D-Bahn (compagnie de chemin de Fer) les Allemands ne semblent pas en tout cas prêts à abandonner de sitôt leur mode de transport favori.